Récit du marathon de La Route du Louvre le 8 mai 2017, une course populaire sur route qui relie Lille au bassin minier de Loos en Gohelle avec un passage près du Louvre Lens. En mode sans les yeux mais avec le cœur.
Détails de la course
Inscription :
Inscription en ligne ou par courrier, pas d'inscription le jour même.Site web : http://www.laroutedulouvre.fr/
Dossard :
À retirer le jour même ou quelques jours avant au magasin Décathlon Vendin le Vieil ou Décathlon Campus.En cadeau (finisher) : un tee-shirt Kalenji + sac + médaille (10km), un tee-shirt manches longues + sac + médaille (marathon)
Détails :
Libellé | Type | Commune | Distance | Dénivelé + | Tarif |
La route du Louvre | Route | Lens | 10-42km | m | 8-40€ |
Runner | Chrono 2015 | Chrono 2017 | ||
Elle | 10km | 57' | 10km | 53' |
Lui | 42km | 4h40 |
Parcours 10km :
Départ de la Gare de Lens, passage devant le musée du Louvre Lens, arrivée à Loos en Gohelle.
Pour le marathon départ de Lille.
Retour en TER ou navette à Lens (carte Pass gratuite)
Meneurs d'allure
Label régional
Pasta Party
Jeux pour enfants
Résumé de la Route du Louvre 2017
Lui - 42km (premier marathon)
Météo : PluvieuxMon équipement : Baskets Adidas Ultra Boost, 1 short, 1 tee-shirt manches longues, veste Run Wind, 1 tee-shirt "sans les yeux mais avec le cœur", casquette Bubba Gump
Mon premier marathon fut un peu spécial et très riche en émotions.
En effet, moi et mon frère de trail avons décidé de courir 42km coude à coude, lui les yeux bandés et moi le guide, pour rendre hommage à notre ami Bruno mal voyant, passionné de sport qui se bat au quotidien avec son handicap.
L'an dernier nous avions déjà couru le 10km à ses cotés en mode super héros. Pour lui cette année c'est un pari bien plus fou qu'il s'est lancé puisqu'il a bouclé son premier triathlon à Hénin-beaumont.
On décolle à 7h10 direction la gare de Lens pour prendre le TER jusque Lille avec 4 amis. Dans la voiture je demande à mon frère de trail s'il n'a pas oublié les maillots floqués avec notre slogan "sans les yeux mais avec le cœur" (merci à Auchan Béthune pour ces tee-shirt).
Il jette un œil dans son sac et s'aperçoit qu'il est parti sans, on doit donc faire demi-tour !
Le temps nous est compté car le dernier train est à 7h58. Mon frère en mode babacool "T'inquiète on a le temps, no stress". Tout le monde stresse en voyant le temps qui défile mais pas lui lol.
Link :Nous arrivons devant la gare à 7h56, des coureurs nous avertissent qu'il n'y a plus de trains, que le dernier était à 7h53 ! C'est quoi ce délire ?
Nous sommes partis à l'arrache, perso c'est la meilleure façon d'affronter un défi en mode no stress.
Nous sommes énervés, en plus le chef de gare nous dit d'un air hautain "y a plus de train !"
D'autres coureurs sont déprimés car ils ne sont pas véhiculés pour se rendre jusque Lille.
Pour nous retour à la voiture et direction Lille, 30 minutes plus tard nous y sommes, et là c'est la galère pour se garer.
Il fait froid, le temps est pourrit, il y a du vent et une pluie fine. Je n'avais jamais vu autant de coureurs vêtus de plastiques poubelles mdr.
Certains sont équipés de mitraillette de gels mdr, c'est énorme ça nous fait rigoler même si on sait qu'on en retrouvera au sol durant la course.
On passe la sécurité et direction le sas de départ. Nous nous plaçons en queue de peloton loin de ceux qui visent un chrono. Mon frère de trail se masque les yeux et on accroche notre élastique aux poignets.
Le départ est donné, nous voilà "sans les yeux mais avec le cœur", ça ne va pas être évident quand je vois le monde devant nous. Les premiers kilomètres se font en trottinant car ça bouchonne, je dois aussi gérer la vitesse de deux personnes, guider et prévenir du moindre obstacle.
Mon pote commence à prendre confiance en lui, ce qui le dérange le plus c'est de ne pas pouvoir anticiper.
Link :Pour ma part je dois l'avertir dès que le sol change (bordure, dos d'âne, cailloux, pavés, descente, montée...), par contre je ne peux pas gérer les autres marathoniens qui doublent ou changent de trajectoire, donc parfois il y a quelques chocs de baskets lol.
Pour l'instant les sensations sont comme une personne voyante avec un bandeau sur la tronche, rien de particulier
Notre vitesse est correct et nous remontons petit à petit le peloton. J'essaie toujours d'être à découvert sans personne devant pour avoir le champs libre.
Premier ravito, on boit de l'eau car il n'y a que ça et on repart. Je signale à mon pote de bien lever les jambes car la route est une poubelle, il y a des gobelets partout.
Le ciel se dégage on passe le 10°km en moins d'une heure. De nouveau un ravito, un nouveau champs de mines à passer, le sol est une poubelle géante.
Les portions de route sont ennuyeuses, de longues lignes droites sans fin mais on a trouvé notre rythme. On arrive le long de la Deule, le vent monte, c'est long, perso je commence déjà à en avoir marre car c'est monotone. Je commence aussi à avoir mal au ventre, j'ai pourtant pris un Smecta avant de partir.
On repart ensuite sur la route, l'ambiance est de rigueur, les gens nous encouragent, on passe devant les géants sous un air de carnaval.
On avale les kilomètres mais on baisse le rythme car mon pote commence à avoir mal aux genoux et moi aux mollets.
Il gère parfaitement sa course et il me dit que s'il ne parle pas c'est qu'il se concentre, les voix l'aident à se repérer. Le fait d'avoir le bras lié me donne des crampes.
Link :
Sylvain pour l'occaz a décidé de venir avec nous, il est à ma droite et quand il parle cela m'aide à me repérer, je commence à ressentir de nouvelles sensations. Privé d'un sens l'ouïe prend vite le dessus.
Je ne parle donc pas beaucoup, j'ai besoin de concentration pour me créer une image avec les bruits qui m'entourent. J'arrive parfois à ressentir la présence d'autre personnes autour de moi grâce à leur souffle et le bruit de leur foulée sur le sol.
Parfois aussi j'ai une sensation très étrange, je vais essayer de vous expliquer au risque de passer pour un dingue. Imaginez-vous entrain de faire une sieste sur la plage, le soleil se pose sur votre visage en alternance avec les nuages. Même les yeux fermés vous sentez la lumière passer à travers vos paupières. Et bien c'est exactement cette sensation !
Parfois j'ai l'impression qu'il y a des spots lumineux au bord de la route. Plus étrange encore, j'arrive à situer avec le son une runneuse qui discute et que nous doublons mais aussi avec la lumière qu'elle dégage.
On passe de nouveau devant les poubelles du ravito, je manque de tomber à cause d'une bouteille au sol. On croise un ami runner avec qui on échange un peu, je le vois ramasser un gel neuf au sol. Il me dit "tu sais sur un marathon pas besoin d'acheter de gels, tu en ramasses pleins sur la route, c'est mon 4° lol".
Link :On passe le 30°km et les jambes commencent à tirer. Je commence à voir des coureurs tomber, ralentir ou se mettre sur le bas coté car ils ont des crampes. J'entends un bruit, mon frère me dit que son genou vient de craquer ! Il me dit qu'il va finir avec la douleur.
Depuis quelques kilomètres je me sens vraiment bien, j'ai une entière confiance en mon binôme de choc, nous sommes venus pour vivre une aventure unique et c'est le cas. Je suis en mode "Bruno", la confiance et le corps sont en symbioses, reste plus qu'à continuer pour passer cette ligne d'arrivée, chose que je ne doute pas.
Link :Un ami qui nous accompagne regarde mes pieds trainer au sol et rigole. On dirait un vieux qui traine ses charentaises dans la rue mdr. Mon pote me dit qu'on va pas se détruire sur du bitume, on a de belles aventures qui nous attendent, donc on ne prend pas de risque et on termine en marche/course. Le but est de le terminer sans se blesser.
Je me concentre pour demander à mon corps de tenir, "la force" est présente je la sens .
Il reste 5km, on se fait rattraper par le meneur d'allure 4h30.
Link :
Le sol change sous nos pieds, ce n'est plus du bitume mais de l'herbe, la cadence augmente.
Je sens la ligne d'arrivée venir par l’intensité des personnes présentes autour de nous.
Mon binôme m'annonce que l'arche est en vue, l'émotion monte, même si un ou deux kilomètres avant les larmes de boucler un tel défi coulent déjà.
Il me dit de me coller, je me décale légèrement derrière lui comme pour prendre ses pas, et là tout s’arrête, nous venons de passer l'arche.
Je prends mon frère de trail dans mes bras, l'émotion est à son maximum. Je le remercie de m'avoir accompagné dans mon délire, c'est pas la première fois et surement pas la dernière ;) Ce défi ne pouvait être fait autrement.
La ligne est derrière moi, je retire mon bandana et un sentiment de déception m'envahit. En effet, je quitte un monde nouveau que je n'ai connu que pendant 4h40 et où j'ai trouvé des choses que je ne cherchais pas. J'ai l'impression de ne pas avoir tout appris, ce moment est comme un entrainement de jeune Padawan qui manipule le sabre laser à l'aveugle, pour ensuite utiliser tous ses sens une fois l’handicape retiré.
Maintenant j'ai hâte de repartir sur un trail pour pouvoir mettre à profit ce défi et puiser au plus profond de moi, pour pouvoir continuer ma formation de Jedi du run "que la force soit avec vous".
Merci de m'avoir lu et n'oubliez jamais que rien n'est impossible.
Merci mon frère pour ce partage unique.
Merci à tous les autres qui croient toujours en moi et qui par leur présence le prouvent.
Linkement ;)
Lui- un runneur guide pour mal voyant
Elle - 10km
Météo : Pluvieux
Mon équipement : Baskets Adidas Ultra Boost, 1 short, 1 débardeur, 1 veste, manchons bras, montre avec chrono, brassard avec Iphone + Runstatic.
Ayant peur de ne pas trouver de place sur le parking du stade Bollaert je me gare un peu avant dans la rue principale. Je dépose quelques affaires à la consigne au niveau du parking et je me dirige en trottinant vers le départ.
L’échauffement Zumba se termine, il y a déjà beaucoup de coureuses donc je ne traine pas pour me placer. Par contre pas le temps de faire une pause pipi, trop de monde !
Cette année les femmes partent 30 minutes avant, j’apprends au micro que nous sommes 1300.
J'ai un peu peur d'avoir chaud finalement donc j'enlève ma veste et je la mets autour du coup.
Bon je ne compte pas battre mon RP, le terrain n'est pas plat et je ne veux pas me faire mal car j'ai un trail de 30km dans 5 jours, et puis j'ai pas mal d'entrainements dans les pattes cette semaine.
La musique me met dans l’ambiance (dommage que j'ai oublié mon MP3 pour la suite), je sautille sur place puis le départ est donné.
La cadence est bien différente entre fille, je ne risque pas de partir trop vite comme il y a 2 ans. Je zigzague entre les coureuses car beaucoup se sont mises en première ligne même si elles y vont tranquillou.
Au bout de quelques minutes je trouve mon rythme et ma place, je ne suis pas à fond mais j’ai une cadence soutenue. J’arrive vite au niveau du Louvre Lens, c’est la plus belle partie niveau environnement. Après un chemin plus étroit mais verdoyant on reprend la route et le bitume.
Vient le premier panneau qui m’indique 3km, je suis à 15’45, bref je ne vais pas trop vite mais je ne risque pas non plus de battre mon chrono lol.
Vient un passage dans les corons, des supporters sont là régulièrement pour nous encourager. J’entends au loin du bruit, des enfants et leurs parents font une Ola à chaque passage, l’un de mes plus beaux moments sur cette course, merci à eux.
Je vois le ravito mais je ne m’arrête pas, je suis régulièrement avec les même coureuses.
Puis tombe une pluie fine, sur le coup je me dis chouette ça va me rafraichir, et plus le temps passe, plus ça tombe, l’eau dégouline sur mon visage, j’en ai pleins les yeux et ça pique avec la sueur.
Heureusement qu’il n’avait pas prévu de pluie, grrr !
Vient un passage en plein champ et donc à découvert, j’essaie de me protéger derrière d’autres coureuses mais je trouve qu’elles ralentissent donc je finis par partir seule affronter les rafles de vent et la pluie. De plus tout ce passage est en faux plat montant.
J’essuie tant bien que mal mes yeux avec mes manchons pour y voir plus clair, et ça redescend.
J’entends de la musique, c’est un jeune en bord de route qui joue de la batterie avec entrain, trop cool. Ensuite c’est la fanfare, puis un DJ, la fin de parcours est donc bien rythmé.
Je vois au loin le cheval et la fosse 11/19, l’arrivée est donc proche.
Il reste 2km j’accélère donc un peu car je ne suis pas au bout de ma vie lol. Cela m’a paru beaucoup plus court et moins long qu’il y a 2 ans, certainement parce que j’ai moins souffert. Et quand je vois la dernière côte, qui me paraissait longue et raide à cette époque, je me dis « ha c’est ça, mais c’est rien ! », bref vive le trail lol.
Bon par contre il y a beaucoup moins de supporters, normal vue le temps pourrit.
J’accélère les derniers 200m, il y a beaucoup plus de supporters, je vois l’arche et je termine cette course en 53’, donc 4’ de plus qu’à Fleurbaix il y a 2 mois. Bon je n’étais pas dans l’optique de faire un RP mais je m’attendais à moins. Mais je termine quand même 110°/1300 environ.
Et puis la médaille est toujours TOP.
Je me ravitaille, je prends mon cadeau finisher et je me dirige vers le stand AG2R La mondiale où j'en profite pour me faire masser et me réchauffer.
J'ai vraiment froid donc je retourne à la voiture qui est à 4km pour me changer. Se sera trop loin pour les marathoniens donc je décide de me rapprocher du site d'arrivée et d'attendre dans la voiture car le temps est vraiment exécrable.
Puis je me dirige vers l'arrivée où j'attends mon homme et des amis sous la pluie et en plein vent. Je suis frigorifiée.
Mais là je suis au cœur de l'émotion, à cet endroit précis où les marathoniens sont pour la plupart au bout d'eux-même, leurs enfants et leur famille sont là pour les acclamer sur les derniers mètres, ça réchauffe un peu. Finalement ce qui est le plus beau dans un marathon c'est ce moment.
Elle - une runneuse qui degouline
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire