mercredi, juin 27, 2018

Samoens Trail Tour UTHG 2018

samoens trail trour

Récit de l'Ultra Tour du Haut du Giffre le samedi 16 juin 2018 à Samoens. Un ultra trail magnifique mais très technique en Haute Savoie. Comme dans la vie, il y a des hauts et des bas…

Détails de la course

Inscription : 

Inscription en ligne en décembre (complet en moins d'1 mois)
Possibilité de prendre une assurance individuelle sport (le secours héliporté est géré par une société privé = 720€) : 4€
Site web dédié : https://www.samoens-trailtour.com/

Dossard :

Puce électronique.
À retirer la veille ou le jour même.
En cadeau : tee-shirt, gobelet, sac d'allègement fournit, médaille finisher, repas de fin de course

Détails :

Libellé Type Commune Distance Dénivelé + Tarif
UTHG Trail Samoens 87 6500D+ 65€
Runner Chrono 2018
Elle UTHG 23h30
Lui UTHG DNF

Parcours et dénivelé de l'UTHG 87km - 6500D+ :

samoens trail uthg denivelé profil

Départ et arrivée à Samoens, passage par le Cirque du Fer à Cheval.

Matériel obligatoire :
  • Téléphone portable
  • Réserve d'eau d'1 litre minimum, alimentaire
  • Veste imperméable coupe vent
  • Lampe Frontale avec pile de rechange
  • Couverture de survie, Sifflet, Gobelet 

Sur place : toilettes, vestiaires, douches, restauration.
Prévoir une tenue de rechange (sac d'allégement au 47°km).

Vidéo de la course en bas de page.

Récit de l'Ultra Tour du Haut du Giffre - 2018

Lui

Météo : soleil, 25°C
Mon équipement : Baskets Columbia Caldorado UTMB, short, tee-shirt manches courtes, bâtons Leki, lampe frontale Armytek, sac Oxsitis Hydragon 17L.

Le jour tant attendu pour le défi de l’année est arrivé.
Nous sommes arrivés la veille de course où nous avons retiré notre dossard sur un site très sympa au bord d’un lac.
Pour l’occasion nous avons réservé un studio dans un petit village à 10mn du départ : Morillon.
Après un petit apéro soft nous décidons de ne pas trainer, la route a été fatigante et nous devons nous lever tôt.
Après une assiette de pâte et blanc de poulet, au lit à 20h30, la nuit va être courte.

Le réveil sonne, il est 2h30. Je suis en forme, je cuisine une omelette aux lardons en guise de petit déjeuner.
Tenu de combat enfilé nous voilà en route, nous nous garons à 1km à pied du départ.
Nous ne sommes pas en avance. On dépose notre sac de change à la consigne et on se place au départ.

4h le départ est donné sous quelques fumigènes, nous sommes 600.
On déroule sur 200m puis on attaque direct la première montée. Du coup ma chérie et moi décidons de faire quelques kilomètres ensemble.
Nous sommes en file indienne mais ça avance, je donne le rythme et ma chérie me suit.
Il fait plutôt lourd et je suis content de ne pas m'être trop couvert.

Le jour commence à se lever.
Nous décidons de ranger nos frontales pour économiser nos batteries.
On admire l’horizon et nous trottinons tranquillement avant d’attaquer les chemins en pente. Le bruit d’une cascade se fait entendre, on passe un premier cour d’eau puis on emprunte un sous-bois.
Le chemin se dégage et on admire la carte postale. On distingue aussi la neige au sommet.

samoens trail trour

On arrive au premier point d’eau avec 15mn de retard par rapport à notre timing. Il est 6h30, nous avons parcouru 10km.
Ensuite on traverse des singles herbeux et rocheux. Cela monte sur 2km avant d’attaquer une longue descente d’environ 5km.
Je sens déjà qu’il me manque du souffle et je commence déjà à regretter mes nouvelles chaussures Columbia. Une vrai savonnette et zéro maintien !
Du coup je ne suis pas à l’aise dans les descentes car j’ai peur de me tordre la cheville et ça me brûle sous les pieds.
Ma chérie s’arrête pour refaire ses lacets et me dit de continuer car je suis meilleur en descente. Sauf que j’avance pas et elle arrive très rapidement derrière moi.
Le terrain est gras avec des pierres et des racines en single. Ça glisse bien, je manque de chuter à plusieurs reprises.

Nous avons passé le premier pic et nous arrivons au premier ravito complet.
Il est 7h40 nous avons parcouru 17km. Je mange un quartier d’orange, un morceau de chocolat et je bois un coca. Ma chérie se régale avec un morceau de pastèque.

Puis, on reprend rapidement notre chemin et on entame une belle ascension.
Le parcours devient plus technique en bord de roche et ensuite en sous-bois.
Je dois reprendre mon souffle à plusieurs reprises en me stoppant sur le côté.
Petit à petit je vois s’éloigner ma chérie et je sais que je ne la reverrai plus, sauf si je reprends du poil de la bête.
Je passe un cours d’eau avec un pont suspendu et une banderole multicolore, certainement pour la coupe du monde de football.
Je continue à monter lorsque des coureurs du 50km me doublent en trottinant. Des machines les gars, toi tu galères avec tes bâtons et eux avancent à petit pas sur une portion bien montante.
samoens trail trour

Ça monte, ça monte, mais la vue commence à se dégager, c’est trop beau !
Je m’arrête à plusieurs reprises pour admirer la beauté du paysage. C’est un spectacle naturel grandiose !
Je me retourne et je me dis “ha oui quand même, j’étais en bas. Wahou !”
Je prends quelques clichés et je reprends ma route.
J’avance de moins en moins vite, je pense que c’est altitude alors je n’hésite pas à m’arrêter pour récupérer.
Je regarde ma montre, il me reste 1h40 pour arriver au sommet et être dans le timing.

Les petites pierres deviennent des rochers et en me retournant j’admire la profondeur de la vallée. Un spectacle qui vaut le détour, j’en ai les larmes aux yeux tellement c’est beau.
Je m’assois et là je reçois une photo de ma fille, cela m’émeut.
samoens trail trour

Puis je reprends mon chemin, il y a de plus en plus de neige.
Je glisse très souvent et mes bâtons m’aident à me stabiliser. Le seul bémol c’est qu’ils ne sont pas fait pour la neige ! Pas facile de les retirer une fois planté.
Je suis toujours dans les temps mais la route est encore longue donc je maintiens l’allure.
J’entends une personne chuter derrière moi. Un gars au bout du rouleau, il ne fait que tomber, il hurle de rage.
De plus il a cassé ses bâtons, je peux le comprendre.
Je décide de m’assoir et de rafraîchir mes mollets dans la neige. Cela me fait un bien fou ! Petite séance de cryothérapie maison. Je profite de ce moment et je reprends du poil de la bête, je me sens de mieux en mieux.
Le palpitant redescend et je respire mieux.
Le paysage a totalement changé, la végétation est entièrement recouverte de neige, c’est une autre carte postale.
Je ne regrette pas mon effort pour voir ce spectacle naturel.
Je décide de mettre mes crampons que ma chérie a confectionné avec des sangles. J’aurai dû les mettre avant, ça accroche mieux avec lol.
J’arrive au sommet, c’est énorme. Voilà pourquoi j’aime le trail, tu passes à des endroits où jamais tu t'aventurerais autrement, à moins d’avoir un guide.

J’arrive à la descente, du délire, des toboggans sont formés, tu ne peux pas descendre autrement que sur le cul.
Je regarde les autres faire, des vrais gosses en mode cours de récréation, quel pied ! Les gens rigolent, sourient, certains râles, moi j’adore c’est délire, j’y vais à cœur joie.
Au départ tes jambes et ton cul sont anesthésiés par le froid, après tu t’y fais. Une personne à la fois pour la sécurité de chacun.
Le lac n’est plus visible, il est gelé et recouvert de neige. Avec le soleil j’en prends plein les yeux, c’est tellement beau que mes larmes coulent tout seul.
Maintenant direction le refuge pour rejoindre le point d’eau. Je commence de nouveau à manquer de souffle donc je prends 10 minutes.
Puis je descends la roche brute et je passe à côté d’une cascade.
J’ai toujours cette gêne pour respirer qui me fatigue depuis plusieurs heures.
C’est le moment de passer dans l’eau au pied de la cascade, avec une vue plongeante sur la vallée. J’en profite pour me rafraîchir le visage et je trempe ma casquette.
La seule qualité que je trouve à mes baskets Columbia c’est que l’eau s’évacue très bien et qu’elle sèche vite.
samoens trail trour

Même si les chemins sont plus praticables je marche très souvent, car je manque de souffle.
Je me dis à cet instant que pour moi c’est mort vu mon état, mais j’ai pas envie de lâcher. J’admire le paysage et j’espère voir des bouquetins mais ils ne sont pas de sortie.
Je n’évite pas les ruisseaux car ça fait du bien aux pieds.

Je regarde ma montre, j’ai 1h30 de retard sur mon timing. J’arrive au ravito et 37°km avec bien du mal.
Je fais le plein en boisson et nourriture et je reprends rapidement ma route. Je sais que ça va être chaud mais je tente le coup, j’ai 2h30 pour faire 10km.
J’avance trop lentement, mon coeur s’emballe et je dois m’arrêter très souvent pour reprendre mon souffle et mes idées. Ma tête tourne, j’ai quasiment plus de voix car ma gorge est serrée.
Je suis le cul au sol, beaucoup de traileurs s’inquiètent de mon état, je leur dis que tout va bien. Mes yeux se ferment, je me remets donc en route, mais je ne vais pas très loin avant de me remettre au sol. Je suis vidé de tout et moralement c’est dur mais j’ai pas le droit de lâcher.
Cette montée me paraît interminable. J’ai plus la force, je regarde ma montre et j’envoie un message à ma chérie pour lui expliquer la situation. C’est trop juste pour rattraper le temps perdu et mon état ne me permettra pas d’accélérer dans la descente.
Je décide donc de prendre le temps qu’il faut pour aller jusqu’au prochain ravito où je sais que je serai stoppé.
Je mets au final 3h pour monter jusqu’au sommet. J’ai envie de pleurer, je suis tellement écœuré, vidé de tout plaisir que je n’arrive pas à marcher et respirer.
Mais je suis fier de ce que fait ma chérie, tous ses entraînements en duo ont été bénéfiques. Les larmes montent, je suis de nouveau au sol et j’admire le paysage.

Je redescends tranquillement en marchant jusqu’au ravito, il m’aura fallu 2h30 pour arriver en bas. Au total 5h30 pour parcourir 10km, impensable pour moi.
On me demande comment je vais, je leur réponds “ça va, j’ai un peu de mal à respirer, j’ai une barre dans le torse qui me bloque le souffle, ma gorge est serrée”.
Les secouristes me posent quelques questions, m’observent, ils prennent ma tension et mon taux oxygène. Cela les inquiète…
Je mange difficilement une soupe vermicelle et je bois du coca.
Après un bon moment ils me refont les tests mais ça ne s’améliore pas. Il téléphone donc au docteur qui refuse que je reprenne la navette pour rejoindre l’arrivée.
Ce dernier arrive sur place et me fait un électrocardiogramme qui n’est pas bon du tout. Après consultation téléphonique avec le samu il me transporte en urgence par hélicoptère jusqu’à l’USIC d’Annecy.
samoens trail trour

Je préviens ma chérie et je lui dis d’aller au bout…
Récit de son aventure via ce lien


Lui - un runner à bout de souffle

Vidéo