jeudi, avril 26, 2018

Trail La Bouillonnante 2018

Trail La Bouillonnante

Récit des 29km du trail La Bouillonnante le samedi 21 avril 2018 à Bouillon. Journal d'une ado qui a des parents traileurs ! Un parcours magnifique et très technique dans les Ardennes belges avec un départ du château fort et 2 traversées de la Semois.

Détails de la course

Inscription : 

Inscription en ligne (clôturée en quelques heures).
Pas besoin de certificat médical, de limites d'age (sous la responsabilité des parents).
Site web : http://www.la-bouillonnante.org

Dossard :

Dossard électronique
À retirer la veille ou le jour même.
En cadeau : une bière, un buff

Détails :

Libellé Type Commune Distance Dénivelé + Tarif
La Bouillonnante Trail Bouillon 29-50km 1300-2450m 25-35€
Runner Chrono 2016 Chrono 2017 Chrono 2018
Elle 29km 4h55 50km 8h47 29km 6h
Lui 73km 12h40 50km 8h47 29km 6h

Parcours et dénivelé du 29/50km :

parcours Trail La Bouillonnante
Trail La Bouillonnante 50km denivele
Une boucle à travers la forêt de Bouillon longeant la Semois, où les montées et descentes se succèdent. Un départ chevaleresque dans la cour du château fort et 2 traversées de la Semois.
Il y a 4 ravitos et 3 barrières horaires sur le 50km.
Il y a 2 ravitos et 2 barrières horaires sur le 29km. 
La boucle du 29 dévie à Frahan, le départ se fait en 2 vagues.

Vidéo en bas du récit ;-)

Journal d'une ado sur les 29km de La Bouillonnante - 2018

Teen - 29km

Météo : 30°C, T° de l'eau 11°C
Mon équipement : Baskets Adidas Response Trail Boost, short, 1 tee-shirt, sac avec poche à eau Kalenji (boisson d'effort maison), casquette.

Pourquoi ?

Comment je me suis retrouvée là ou plutôt à cause de qui ?
Mes parents complètement fou pardi !
Car oui même si je suis une ado de 16 ans je ne suis pas suicidaire.
Le max que j'avais parcouru c’était 12km et pour moi 29km c'était juste inimaginable. Surtout sans entraînement.

Les mois et les jours passent et je les préviens que je ne le finirai jamais.
Mais ils me répondent qu’il croit en moi et en mes cuissots d’enfer mdr. Certes je suis un peu sportive et je suis une formation de Lad Jockey.
Une petite partie de moi me disait que c’était possible et l’autre non, surtout a mon âge.
En effet je ne connais aucun ado qui part dans ce genre de délire.
Encore moins mes amies qui me disent que c'est complètement fou, et qu’ils ne comprennent pas mes parents, pour eux c'est de la maltraitance !!!
EN PLUS DE ÇA je loupe LA soirée de l’année avec tous mes potes !
J'ai passé mon temps aussi à rabâcher à mes parents que ce sera un calvaire pour moi mais aussi pour eux. Car je vais me plaindre toutes les minutes, de tous les malheurs du monde, comme une vrai ado quoi.

J-1

Je me tape 3h de route mais en plus de ça je vais dormir dans la Toto Traileur.
Sur la route je me dis quand même que je vais faire mon premier week-end en tant que vrai traileuse, une première.

Jour J

Ma mère me réveille et me donne le dénivelé de la course. Je lui dis “ t’as cru que j'allais gravir tout ça ?”.
Elle me dit que c’est comme la vie, y a des hauts et des bas, soit tu restes sur le bas côté à te plaindre soit t’avances… Les discussions philosophiques le matin très peu pour moi.

A moitié dans le pâté j’essaye d’encourager ma mère qui part pour 50 bornes, une grosse folle, et en plus elle a le sourire !
Ensuite, je m'équipe avec mon coach du jour qui va me suivre dans mes péripéties.
Je me suis fais un ami aussi avant de partir, Félix le chat, avec qui j’ai partagé mon p'tit dej.

Départ

Trail La Bouillonnante
Bon ça y est c’est mon tour. Je rentre dans le château, je traverse des couloirs petits et étroits. Bref à ma taille lol.
J’ai pas vraiment le trac car je ne joue pas le chrono, je veux juste être finisher. Je me dis avant de partir “allez tu vas y arriver”. Et j’ai même le sourire, ce qui m'étonne.

Nous partons en marchant, d’habitude je pars en sprint.
Les premiers kilomètres se passent bien, mon coach me dit même de ralentir.
J’arrive sur la première montée et je me dis que ça va être dur si elles sont toutes comme ça.
Puis il y a la descente, je déroule. Tout se passe bien pour l'instant.
Trail La Bouillonnante

Mais les 3 derniers kilomètres avant le ravito sont interminables. J’ai super chaud et j en ai marre.
Je demande toutes les 5 minutes si on est bientôt arrivé.
Bref c'est mon mur à moi, je n'ai jamais parcouru autant de kilomètres.
Trail La Bouillonnante

Arrivée au ravito on prend 15 minutes pour manger, boire et se reposer.
Les oranges fraîches ça fait trop du bien !
Je continue et tout va bien, je pense que je vais le finir.

Trail La Bouillonnante
J’entame une nouvelle montée, puis à mi parcours je me retourne et là plus de coach !
Il a des vertiges donc il s’est assis pour manger et boire.
Je le motive et on repart (choquée de motiver la personne qui est sensée me motiver moi lol).
Maintenant dans les descentes je commence à avoir mal aux genoux.
On est suivi depuis quelques kilomètres par un coureur en canicross, même le chien en bave. Mais il obéit au doigt et à l’œil !
Trail La Bouillonnante

2° ravito 23km, je suis deg, moi qui rêvait d’oranges depuis plusieurs kilomètres et ben rien, que de l’eau et du coca. On reste 10 minutes et on repart.

Nous arrivons peu de temps après à la première rivière. Elle est assez froide mais je suis contente d’y être, enfin !
Trail La Bouillonnante
Ça fait du bien aux muscles, l'eau m'arrive jusqu'au ventre mais j’avance.
Mais petit problème avec mon short Kalenji rose, on voit tout à travers quand il est mouillé !

Je continue ensuite avec un peu plus de mal car les douleurs dans les jambes et tout le corps commencent à se ressentir.
Je ne parle pas, j’avance jusqu'à la 2° rivière qui est moins profonde mais tout aussi agréable.
Trail La Bouillonnante

Le paysage est magnifique mais j'ai quand même hâte que cela se termine.
Je regarde la barrière horaire, ça va on est dans les temps.
Trail La Bouillonnante

Je monte et descends encore et toujours, et d’un seul coup j'entends des tam tam, comme au départ. Je me dis, ça y est je suis arrivée !

Trop heureuse j'accélère, et non fausse alerte, arrivée en haut je me rends compte qu'il me reste encore 2 km, ils sont juste ici pour nous encourager.
C'est une blague, j'ai accéléré dans une put… de montée, je me suis arrachée pour que dalle !
Grosse déception, 2 kilomètres c'est peu, mais au stade où j'en suis c'est interminable.

Je n'arrive plus à courir, j'ai l’impression d’être un papy avec une foulée bizarre, moche, en mode robot qui n avance pas.
C'est atroce j'ai mal partout, et là arrive la dernière descente, la pire pour moi.
Trail La Bouillonnante

En effet j’ai mal aux genoux, je la fais doucement accroupi. Mon coéquipier attrape aussi des crampes mais on avance, c'est bientôt la fin.
Plus je descends, plus j'aperçois le pont synonyme d’arrivée.

J’arrive enfin sur ce pont, et là je fonds en larmes. Je me dis “ça y est Julia, tu l’as fini ce trail que ton coach te parle depuis des mois”. Bon je chiale aussi parce que j'ai mal partout et que la douleur est enfin finie.

Enfin presque, il y a encore la montée jusqu’au château.
Je cours quelques mètres pour y être plus vite (comme une mémé).
Je franchis les dernières marches sans difficulté et je passe enfin la ligne d arrivée.
Et là j'ai tellement mal aux jambes c'est horrible, je n'arrive plus à marcher.

Au final j'ai cru que ça allait être plus dur, j'ai appris que j’avais des cuisses en béton.
Le lendemain j’ai eu des courbatures uniquement derrière les fesses.

Mes meilleurs souvenirs : la fin quand j’ai vu au loin la ligne d'arrivée, les rivières.

J’en veux pas à mes parents car c'était cool, c'est un truc à faire, mais c'est sur que j'en ferai pas tous les week-end.
Finalement je ne me suis pas plaint car je ne parlais pas, j’avançais, je ne pensais qu’à finir.


Teen - une ado traileuse

Vidéo



Lui - 29km

J’ai décidé de partager et de faire découvrir à ma juju une virée sportive chez nos belges.
Je sais qu’il lui faut du paysage et du fun pour la booster. Cette course est faite pour elle, un vrai trail, dur mais top.
Un beau défi car la course à pied n’est pas son sport de prédilection.
En effet, c’est une sportive qui pratique l’équitation quotidiennement, une ancienne gymnaste et nageuse de natation synchronisée.
Mais je sais qu’elle a les capacités physiques pour aller au bout, maintenant va-t-elle avoir le mental ?
Tout est possible, tout est réalisable mais il faut y croire !
Mon but est de partager une aventure pleine d’émotion et l’emmener au bout de cette course. Et puis quoi de mieux pour qu’elle nous comprenne d’avantage.

Sa plus grande distance était un trail urbain de 12km ultra plat. Son plus gros dénivelé les Terrils d’Haillicourt et quelques randonnées en vacances.
Lorsque je lui ai demandé “alors t’es prête ?”
Elle me répondait : “j’y vais au talent !” mdr.

Jour J, on monte au château pour encourager et voir le départ de ma chérie.
Puis on redescend pour se préparer tranquillement et faire la sieste mdr.

10h la musique retentit, je vois sur son visage zéro stress, c’est cool. Moi je suis super content de vivre ça avec elle.
Le départ est donné, elle est surprise que l’on démarre en marchant. Habituée à partir au taquet sur un 5km.
Je vois qu’elle a envie de fuser alors je lui dis de ralentir, elle est étonnée.
Ça déroule sur une petite partie bitumée, puis on longe la rivière jusqu’à la première montée. Il y a un ralentissement à la file indienne, beaucoup de pause pipi, après 10mn de course mdr.
Je lui dis de bien souffler dans la montée, de ne pas forcer.
Je suis assez directif sur sa gestion de course, je lui dis quand boire, marcher et ralentir. C’est une bonne élève qui ne pose pas de question et qui m’écoute, ça fait plaisir.

La chaleur est bien présente, j’espère que ça va aller, ses joues sont déjà bien rouges au bout de 45 minutes de course.
Toutes les 20 minutes je la fais boire une gorgée.
Elle gère très bien les montées avec une belle régularité.

1h30 de course, elle commence à souffrir de la chaleur.
Elle me demande si en temps nous sommes bien et si le ravito approche.
Pour ma part j’essaie de gérer ma course autrement pour m’ajouter une difficulté supplémentaire. Je bois très peu et je ne mange rien pour voir comment mon corps va réagir. Parfois j’ai des idées à la con mdr !

Nous arrivons au ravito 1 au bout de 2h45 de course. Elle commence à en avoir marre, le mental va devoir prendre le relais.
On prend donc une belle pause pour qu’elle reprenne du poil de la bête.
Elle mange des oranges et elle boit du Coca-Cola.
Au bout de 15 minutes on reprend notre chemin.

Elle est bien requinquée, tant mieux car on attaque une belle côte, je sais qu’elle va faire mal.
Je me positionne devant pour donner le rythme. Elle accroche bien et ne s’arrête jamais. Je suis super impressionné.
Puis elle passe devant.

Je voulais savoir comment mon corps allait réagir, eh bien c’est chose faite !
Je vois des étoiles et j’ai une grosse fringale. Je dois me poser au sol car je ne suis pas bien. Du coup je bois et je mange une compote et une barre de fruits.
Je me sens de suite mieux.
Elle est choquée de me voir comme ça, mais je sais aussi que ça va la remotiver, tout le monde a des hauts et des bas. Et puis je lui ai montré ce qu'il ne faut pas faire mdr.

La partie la plus intéressante et technique de la course arrive, descente en rappel, échelle, escalade…
Puis nous arrivons à la rivière, l’eau est fraîche mais ça fait trop du bien. L’an dernier j’étais congelé.
Je me dis que le 29km c’était parfait pour moi aujourd’hui vu la chaleur ! Je pense à ma chérie qui doit souffrir.
Niveau timing on est juste donc je décide d’accélérer un peu le rythme.

On arrive au ravito 2, c’est juste un point d’eau.
Je prends des news par téléphone de ma chérie, elle n’est pas très loin de nous. Je lui demande si elle veut qu’on l’attende, elle me répond non.
On repart après 10 minutes de pause.

Les jambes de Juju tournent encore bien, ça descend et ça remonte sans cesse.
Nous voilà dans la dernière montée, je lui dis “ça vient bon”, je sais qu’elle sera finisher.
Dans la dernière descente je me chope une belle crampe dans les deux cuisses, pas étonnant vu mon manque d’hydratation !
Enfin j'aperçois le pont, je lui dis “regarde c’est la fin”.
L’émotion arrive, pleure de joie, je suis trop content de ma Warrior.
On arrive au pied du château, elle a encore grave la pêche, moi j’ai plus de mal à monter les marches. Je la regarde de loin et je suis grave fier d’elle.
J’accélère pour finir à ses côtés et immortaliser son arrivée.
Finisher ma grande !

Lui - un coach, parfois boulet, bourreau, mais fier

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