Récit du Trail des Poilus du dimanche 13 mars 2016 à Ablain st Nazaire. Un parcours nature à travers les chemins et sous-bois sur les traces de nos valeureux Poilus de la première guerre mondiale. Un trail culte qui a lieu tous les 2 ans. Une arrivée sur le magnifique site de Notre Dame de Lorette.
Détails de la course
Inscription :
Inscription en ligne (clôturée 3 mois avant).L'envoi du certificat médical doit se faire lors de votre inscription
Site web : http://www.letraildespoilus.fr
Dossard :
Dossard avec puce (prénom imprimé sur chaque dossard, code couleur différent selon le parcours).À retirer la veille ou le jour même.
En cadeau : veste bleue softshell, gobelet, bière page24.
Repas possible à l'Estaminet de Lorette pour 12€ (sur réservation) : carbonnade, frites et crêpe
Détails :
| Libellé | Type | Commune | Distance | Dénivelé + | Tarif |
| Trail des Poilus | Trail | Ablain st Nazaire | 17-28-51km | 1750m | 13-18-38€ |
| Runner | Chrono 2016 | |
| Elle | 51km | 8h45 |
| Lui | 51km | 9h30 |
Parcours 51/53 km :
Une boucle en semi-autonomie sur les traces de nos valeureux Poilus de la première guerre mondiale, 90% chemin et beaucoup de dénivelé.
Départ de la cour du château d'Holain puis passage sur un pont à Fresnicourt le Dolmen (construit spécialement pour la course), des pâtures vers le site du dolmen, en sous-bois vallonné à Verdrel et Holain jusqu'au premier ravito.
Puis direction l'antenne de Bouvigny à mi-parcours, des chemins boisés en montée jusqu'à l'arbre couché et descente jusqu'au deuxième ravito.
Vient le tracé spécial Poilus pour visiter les 5 éperons d'Ablain st Nazaire dans la boue et les tranchées jusqu'à l'arrivée finale à Notre Dame de Lorette lieu incontournable des terribles combats.
3 barrières horaires et 3 ravitos : Départ (10h), 24km (14h), 37km (16h30), 45km (18h), arrivée (19h30)
Navette bus Souchez-Holain
Douche impossible à l'arrivée sur Lorette, parking (Souchez) à 40mn de marche de l'arrivée ?
Course qualificative UTMB : 3 points (new)
Course certifiée par l'ITRA
Petite anecdote : 6 mois après ce trail nous attendons toujours après ces 3 points car le tracé final a été modifié !
Qualificatif pour l'Artois Trail Challenge.
Résumé du Trail des Poilus - 2016
Elle - 53k/57km ?
Mes entrainements 2 mois avant :
Météo : froid 1/12°C, ensoleillée
Mon équipement : Baskets Adidas raven Boost Trail, caleçon long, 2 tee shirt manches courtes, manchons bras, manchons mollets Booster, gants VTT, sac à dos, montre avec chrono, lunettes de soleil.
Dans le sac :mini trousse de secours (pansements, couverture de survie...), poche à eau (boisson d'effort maison), solides (barre de céréales, chocolat, compote, croque monsieur, mini saucisson, Tuc), 1 gobelet (aucun sur les ravitos), Mobile.
J'ai donc regardé le parcours officiel pour l'étudier afin de ne pas rajouter de kilomètres ou me perdre. J'ai aussi fait des captures d'écran au cas où. Il ne devrait pas y avoir de problèmes jusqu'au premier ravito car je connais un peu, par contre pour le reste lol. Au pire j'aurai mon phone et le tracé GPS pour retrouver le chemin.
Première grande course de l'année et la plus longue distance pour ma part. Ma distance maximale à la même époque l'année dernière était de 17km. 10 semaines de préparation et d'attente. Autant vous dire que j'avais peur de me blesser, d'être malade, que tout cela parte en fumée au dernier moment !
Même si j'ai franchi des étapes depuis 1 an je suis encore une débutante.
Seulement 6% de femme sur cette distance, la moitié sont des "crack" du trail. Bref je vais devoir batailler pour ne pas me retrouver dernière lol.
J'ai essayé de voir mon temps approximatif sur Mytrail, je devrais mettre 8h30. Donc mon objectif est déjà de le finir et si possible faire moins de 8h30. Je n'ai pas de montre GPS, donc je retiens juste les heures de passage des 3 ravitos.
J'ai calculé aussi qu'il me faudrait faire 2 sachets maison de boisson isotonique, donc 2 pleins d'eau au premier et au dernier ravito (500ml/heure à boire toutes les 15mn).
Je me lève, j'ai dormi par intermittences, trop excitée d'y être. J'ai un peu mal à la gorge et le nez un peu bouché mais ça va comparé à mon homme. Je me force à manger même si je n'ai pas faim : banane, compote, gâteau et un verre d'eau.
Ensuite, comme j'ai un peu de temps je me relaxe 20mn dans le canapé les jambes surélevées. Puis, je me badigeonne les pieds et la poitrine de Nok.
Des amis passent nous prendre en covoiturage, on se gare au parking du golf d'Holain. On voit arriver la navette bus de Souchez. Et on se dirige tous vers le fameux château d'Holain.
On fait le tour du château puis on s'engage dans les champs. Quelques bouchons nous ralentissent, on en profite pour blaguer et charrier tous ces hommes entrain de pisser devant tout le monde au bout de 15mn de course ! Ils ont tous des problèmes de prostate ou quoi lol.
Arrivée dans les sous-bois je perds mes amis restés coincés dans un bouchon. Je continue le parcours seule. Arrive une descente, le runner à côté de moi glisse et tombe, je lui demande si ça va et il m'arrive la même chose 2 secondes plus tard, le tout filmé par une caméra bien sur lol. Le runner me demande comment j'ai fait car je ne suis même pas sale, je lui réponds en rigolant que j'ai une tenue anti-taches lol.
Je découvre ensuite le petit Dolmen de Fresnicourt et je m'engage dans la forêt d'Holain. Le terrain est gras mais ça va, j'ai connu ce parcours bien plus boueux. Puis vient la montée qui longe le Golf. J'ai parfois peur de me faire embrocher par les bâtons d'autres coureurs. Mon homme et à 500m derrière ça va il a l'air de gérer quand même. Après quelques montée et descentes en sous-bois j'arrive au premier parking où j'espère voir ma fille, mais elle n'est pas là.
Puis j'ai une vision (que j'aurai du avoir avant de partir), as-t-on pris les clefs de la voiture garée à Ablain ? J'envoie un sms à mon homme, il me confirme que non. Du coup je phone à ma fille, pour qu'elle se fasse amener au premier ravito avec les clefs. Tout cela m'énerve un peu et contrarie ma course. Arrivée à la sortie d'Holain, je ne sais toujours pas si je vais pouvoir les récupérer.
J'ai les jambes lourdes, une petite douleur au mollet et au genoux droit et à mon coup de pied. Bref après 3h de course je pensais être en meilleur état. Surtout que le plus dur arrive. J'étais bien mieux au Trail des Givrés.
Je me tourne et je vois arriver mes amis runner. Ils sont plutôt en forme. On entame donc le deuxième tiers du parcours ensemble. Commence une longue montée avec en ligne de mire l'antenne de Bouvigny, je ne l'avais jamais vu d'aussi près.
On attend avec impatience le premier ravito, j'espère que ma fille sera là. Après une descente en sous-bois on arrive à un étang de pêche et le ravito en vue, youpii. Ma fille est là, d'autres amis runners aussi pour nous encourager. J'enlève ma basket pour enlever les cailloux qui me gêne depuis un moment. On m'apporte une bouteille de St Yorre, je regarde le niveau de ma poche à eau, elle est à moitié vide donc je ne fais pas le plein. Je mange un quartier d'orange et on repart.
On sait maintenant que l'on va direction les tranchées. Mais avant ça de longues montées nous attendent.
Je mange 1/3 de mon croque, une barre de céréales et des Tucs.
Il est temps pour moi de sortir le MP3. Je me mets dans ma bulle, j'écoute la première musique, ma chanson du moment "Faded", je bouge même les mains et je fais du playback mdr. Je suis en pleine nature, je ne pense à rien d'autre, mon esprit s'envole, je profite de ce moment avec moi-même, les lumières... Allez Repeat lol.
Puis vient un chemin long et roulant, cela me donne de l'énergie, je rattrape mes amis et pars devant. J'arrive enfin aux fameuses tranchées, l'univers d'époque si sombre c'est transformé en paysage magnifique. On en profite pour faire quelques photos. Il y a certes de la boue mais je sais que cela aurait pu être bien pire.
Je me dis régulièrement que nous avons vraiment de la chance d'avoir un si beau soleil même si le vent est glacial.
Avec mon homme on s'envoie des sms régulièrement, il est apparemment 20mn derrière moi, il marche car il a du mal à respirer.
Mon amie me dit que ça commence à être dur. On apprend par sms qu'un autre ami runner abandonne à cause de son tendon d'Achille qui a lâché ! Là je regarde mes jambes et je leur dis : "me lâchait pas !". Cela commence à devenir en effet très dur, toujours des douleurs au genoux et mollet droit, plus quelques cailloux qui me niquent la peau.
Mon ami me demande si je veux savoir le nombre de kilomètres parcourus, je lui dis que je ne préfère pas savoir.
Arrivées en haut d'une côte et la musique s'y prêtant je commence à danser et je me retourne vers mes amis. Là je vois mon amie qui a les l'armes aux yeux tellement elle souffre aux genoux.
On arrive au ravito 2, ma poche à eau n'est pas encore vide donc je ne la remplis pas. Je bois une St Yorre, de l'eau, un quartier d'orange et une barre de céréales.
Puis, on attaque une pente en sous-bois vraiment très raide. Dans une descente un de nos amis s'est tordu la cheville, heureusement il arrive à repartir 5mn après. Avec mon amie on redouble donc de prudence. Elle a de plus en plus de mal à courir. Moi c'est le contraire j'ai moins mal en trottinant. Je continue donc la route seule.
Le parcours est long et vallonné jusqu'au troisième ravito. Donc je mange 2 morceaux de saucisson et une barre de céréales.
Dans une montée j'entends quelqu'un hurler, c'est un ado qui encourage son père, il lui dit "Allait papa lâche rien...". Ils partent devant moi et font un bout de chemin ensemble. A ce moment là j'ai les larmes aux yeux, ce moment est vraiment émouvant. Et je pense à ma fille à peu près du même âge, j'aurai aimé aussi qu'elle soit là à cet instant, quand je commence à souffrir. J'ai la gorge qui se serre, je l'imagine même à l'arrivée, du coup j'ai du mal à respirer. Donc je me ressaisis et je me détends et je regarde le paysage.
Arrivée au dernier ravito j'enlève de nouveau ma basket pour enlever les cailloux. Je bois de nouveau de la St Yorre, de l'eau et un quartier d'orange et je repars.
Je sais que j'y suis presque, j'envoie un sms à mon homme pour lui dire.
J'arrive aux marches menant à l'anneau de mémoire de Notre Dame de Lorette, je sais que je ne suis pas arrivée, il y a encore quelques kilomètres. Des amis runner sont là pour m'encourager, ça fait vraiment plaisir.
Je regarde ma montre, se sera dur d'arriver à 18h30. Et là, 2km avant l'arrivée, 2 femmes, chacune accompagnée d'un homme me doublent. Et merde !
Le dernier kilomètre est vraiment long, je me force à trottiner je ne sais pas comment, mais j'y arrive. Un mec me remercie car cela fait 12km qu'il suit mon rythme.
Une dernière montée, des encouragements d'inconnus. Merci à tous d'ailleurs, cela fait partie des joies de la course. Même si je n'ai pas toujours le souffle pour vous remercier.
Dernière ligne droite, la nécropole de Notre dame de Lorette est sur ma gauche, et je passe cette fameuse arche d'arrivée.
Je vais chercher une soupe chaude, j'essaie de trouver l'endroit pour retirer ma veste finisher. On peut dire que je l'ai bien méritée !
Tous les stands sont presque vides ou démontés, moi qui voulait me faire masser lol.
Tout mes amis ainsi que mon homme sont encore sur le parcours. Je les attends un moment, puis la nuit tombe, je suis gelée, je tremble alors je me réfugie dans l'Estaminet.
Ils arrivent 30mn après, aussi mal en point que moi lol, mais heureux d'avoir franchi la ligne d'arrivée.
On mange la carbonade frites et la crêpe au chocolat, puis on a tous une hâte, rentrer, un bain chaud et au dodo.
Il n'y a plus de navettes jusque Souchez, heureusement que notre voiture est à Ablain et qu'une amie nous raccompagne jusqu' à la voiture. Car repartir en marchant en canard, dans le noir et le froid, une bouteille de Page 24 à la main, cela aurait été très dur.
Au final mon temps est vraiment très rapprochant du Roadbook du site mytrail.
Rien à redire sur le parcours, le balisage et les ravitos. Apparemment le parcours ferait 57km selon certains gps.
Au niveau équipement :
- Mon sac Kalenji a tendance à se desserrer
- Aucunes brûlures avec ma nouvelle brassière
- Peu de cloques aux pieds, celles que j’ai sont du aux cailloux, donc je vais prévoir des jambières.
- Pas d'ongles douloureux, donc pas d'ongles noirs en vue youpii !
- Douleur sur le dessus du pied droit, je ne sais pas si c’est à cause de mes Raven Boost et leur système de fixation. D’ailleurs ce dernier a tendance à coincer quand il y a de la boue dessus.
- Mes 1,5l de boisson isotonique maison dans ma poche à eau et les 3 ravitos ont été suffisants. Pas de pause pipi, donc mon corps l’a bien assimilé.
- Physiquement j’ai un hématome sur le côté de la cheville au niveau du soleaire. Je ne savais même pas que c'était possible sans recevoir un coup !
Elle - Une runneuse fière d'avoir relever ce challenge
Lui - 53k/57km ?
Après 1 mois de pousse de barbe et quelques semaines de prépa nous voilà le jours J. Malheureusement deux jours avant je me chope la grippe et je suis sans envie, ni force. Je suis dégoûté, je l'attendais réellement cette course mais vu mon état, je doute sincèrement de la terminer. Je suis courbaturé, les bronches sont chargées et mon nez est bouché.Au réveil je suis fatigué, j'ai toussé toute la nuit et j'ai des courbatures. Je déjeune des fruits, du café et du pain pour avoir un max d'énergie.
8h15 je termine de préparer mon paquetage et je m'habille.
À 09h les amis arrivent, en arrivant dans la voiture je me fais charrier quand ils voient ma tête et mes yeux explosés. Ils me demandent si ça va aller, je leur réponds que je vais faire avec mais que j'espère le finir.
Arrivée sur place à 09h25 on se gare sur le parking du golf d'Ohlain et on se dirige vers le château. Super cadre pour un départ royal dans la cour du château.
Dès les premiers mètres je sens que ça va être dur, j'ai du mal à respirer, je m'étouffe mais je me dis que ça va passer.
Les premiers kilomètres nous sommes cul a cul, les gars à peine partis commencent déjà à pisser lol. J'essaie de suivre les amis qui ne vont pas vite mais c’est déjà trop pour moi, je suis à la ramasse. J'arrive à tenir sur quelques kilomètres mais j’ai vraiment du mal à respirer, je tousse et je m'étrangle. Je m'aperçois que j'irai aussi vite en marchant, mon moral baisse, j'ai envie d'arrêter. J'envoie un message à ma chérie pour lui dire que j'en ai marre, que je suis rincé et que je marche.
Je passe les 15km en 2h15, ma chérie me dit de tenir bon. Mais ce n'est pas facile, alors pour me rebooster je me mets de la musique dans les oreilles. Je décide d'essayer de le finir par fierté, pour moi et mes proches, pour leur prouver que tous est possible. Je prends la décision de le finir en marche rapide, une nouveauté pour moi et je me dis que ça va être long.
La musique m’a fait du bien au mental jusqu'au 30° kilomètre. Je marche à une bonne allure, je suis content, je double même pas mal de coureurs, surtout dans les montées.
Le parcours est vraiment sympa, heureusement aussi que le soleil est présent sinon je pense que j'aurai arrêté. Je suis souvent seul, je pense au bonheur de franchir la ligne d'arrivée et je prends ça comme une nouvelle expérience. Je pense à ma femme, mes filles, ma mère et mon père qui me regarde de la haut et je continue mon chemin. Je m'alimente très peu car j'ai mal à la gorge et j'ai du mal à avaler.
A partir du 47°km je trouve le parcours super long et chiant.
Au 54°km ma montre s'éteint, il y a du monde derrière moi et je me demande si je suis sur le bon chemin. Je téléphone à ma chérie qui a déjà franchi la ligne d'arrivée pour avoir confirmation.
La nuit est déjà tombée, je décide d'essayer de courir sur les 3 derniers kilomètre, je finis par marcher sur le dernier et je franchis enfin la ligne d'arrivée.
Lui - un runner fier de l'avoir fait
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