Récit de l'Ultra Trail Puy Mary Aurillac le samedi 15 juin 2019 à Aurillac. Un ultra trail entaché par des conditions climatiques orageuses. J'avais choisi ce trail car je rêvais de courir le long d'une crête de montagne, malheureusement, dame nature en a décidé autrement.
Détails de la course
Inscription :
Inscription en ligne en décembreSite web dédié : http://www.utpma.fr/
Dossard :
Dossard avec puce électronique + Trace du parcours (super pratique)À retirer la veille.
En cadeau : un sac (+ gel douche et crème Arnica pour les femmes), médaille et sweat finisher, pasta party avant course, repas terroir en fin de course.
Détails :
Libellé | Type | Commune | Distance | Dénivelé + | Tarif |
UTPMA | Trail | Aurillac | 105 | 5500D+ | 87€ |
Parcours et dénivelé de l'UTPMA 105km - 5500D+ :
Départ et arrivée à Aurillac.Matériel obligatoire :
- Téléphone portable
- Réserve d'eau d'1,5 litre minimum, alimentaire
- Veste imperméable coupe vent
- Lampe Frontale
- Couvre-chef
- Couverture de survie, Sifflet, Gobelet
Attention à certains endroits les bâtons sont interdits (Plomb du Cantal).
Récit de l'Ultra Trail Puy Marry Aurillac - 2019
Elle
Météo : orageux, 5 à 15°CMon équipement : Baskets Kalenji Trail MT, jupe short, tee-shirt manches longues, lampe frontale Armytek, sac Oxsitis Hydragon 17L, veste Gore tex R7 shakedry.
Après 9h de route nous arrivons vendredi matin au camping de Vic-sur-cère à 30 minutes d'Aurillac. Nous avons roulé toute la nuit, et même si j'ai fermé les yeux, je ne me suis pas endormie profondément. Mais je me dis que se sera un bon entrainement pour tester mon hypersomnie. Par contre, je sais très bien que je manque de prépa, ces derniers mois, j'étais plus occupée à lire et à écrire qu'à courir.
On rejoint les copains et on part faire une petite randonnée de 4km et 150D+ au Pas du Cère. Le paysage est magnifique et verdoyant. C'est l'une des raisons qui m'a poussée à m'inscrire sur ce trail.
Malheureusement je sais que demain un temps pluvieux et orageux est prévu, j'espère quand même un peu d’accalmie pour profiter du paysage.
Nous partons ensuite vers Aurillac pour le retrait des dossards, car celui-ci doit se faire avant 20h. Le programme est pratique quand on loge sur Aurillac, mais quand on est éloigné comme nous, c'est pas idéal.
On a dû faire 2 aller-retour et zapper le repas d'avant course pour pouvoir se reposer. Si on veut pouvoir retirer le dossard, déposer son sac, écouter le briefing et manger la pasta party il faut arriver avant 19h, soit 5h avant la course !
Nous arrivons donc à 22h pour pouvoir déposer le sac d'allégement. Celui-ci se fait rapidement et maintenant nous devons faire comme pas mal de coureurs, prendre un carton et nous allonger au sol comme des SDF pour attendre le départ. J'essaie de me reposer, mais difficile dans ces conditions.
Quand je me relève, j'ai froid. De plus, on nous précise que la température sera très fraîche là-haut, alors j'ajoute une couche chaude et je mets tout de suite mon pantalon imperméable.
Lorsque je me dirige vers le sas, on me précise que les femmes sont à l'honneur et que je dois me mettre devant. Première fois que je suis devant la ligne de départ sur un Ultra, et l'ambiance est géniale. Par contre nous ne verrons rien du feu d'artifice et j'ai un peu peur de me faire piétiner par 700 hommes lol.
Le départ est donné à minuit dans une ambiance de folie avec musique et fumigène. Les hommes restent sagement derrière, puis nous arrivons dans une grande rue et les premiers nous doublent.
Quelques minutes plus tard nous arpentons la première côte et je regrette déjà de m'être trop couverte. Du coup, je décide d'enlever mon sac pour enlever ma couche chaude et ma veste imperméable. Dans la précipitation, je perds ma casquette, heureusement un coureur m'a prévenue. Je me retourne pour la récupérer, et là, je vois venir vers moi 700 hommes lucioles en plein élan. J'ai l'impression d'être Mufasa devant la ruée d'un troupeau de gnous. Dieu merci, je ne finis pas piétiner par des traileurs.
Après la sortie d'Aurillac, cela bouchonne un peu, puis j'attaque les sentiers herbeux du Cantal. Pour l'instant, il ne pleut pas, mais une brume nocturne m'empêche de voir à plus de 2 mètres. Je reste vigilante car le terrain est plutôt glissant, et quelques kilomètres plus loin une femme est déjà allongée avec une couverture de survie en attendant les secours.
Le peloton se dissout peu à peu et je me retrouve vite seule au bout de 2 heures. Cela devient de plus en plus compliqué de se diriger à cause de la brume, même si le tracé est bien balisé. En effet, difficile de traverser une prairie quand on ne voit rien. Je finis par me retrouver devant une grosse vache Salers à longues cornes, qui doit se demander ce que je fous là.
Le son des cloches et des chouettes qui hululent commencent à me bercer. Et ce qui devait arriver arriva, au bout de 3h de course nocturne, je commence à m'endormir. Alors comme sur mes derniers ultras et bien je lutte, j'essaye de maîtriser mes yeux qui roulent et j'ai qu'une hâte, que le jour se lève. Des bâtons m'auraient été bien utiles, mais il faut que m'entraîne sans pour mon prochain objectif.
J'entends enfin les oiseaux chanter et le jour se lève enfin. Malheureusement cela ne suffit pas à me réveiller, le ciel est gris et je me demande déjà comment je vais terminer cette course dans ces conditions.
Je continue ma longue ascension, j'aperçois le paysage à travers les nuages et je me dis que peut-être nous allons avoir un miracle.
La descente jusqu'au ravito me réveille un peu. Un vétéran me sort : "dans la vie, il y a les bons grimpeurs ou les bons descendeurs, parfois il y a les 2, mais c'est des pros". Je ne fais pas partie de la première catégorie de toute évidence lol, et je lui réponds qu'il me redoublera lors de la prochaine montée. Les ravitos sont complets et il y a de quoi se rassasier. Je prends un bol de soupe, du jambon, de la banane et je repars pour affronter le plomb du Cantal.
Je sens bien que je manque d’entrainement quand je me fais doubler régulièrement. L'environnement ressemble aux Ardennes belges. Le vétéran me crie "me revoilà !" avec un grand sourire. Lorsque je vois arriver un mur devant moi, je décide de prendre 2 bâtons de bois pour m'aider un peu. À la sortie de la forêt, le paysage se dégage et devient plus rocheux et fleuri. Là, j'aperçois au loin une guirlande de traileurs. Apparemment, le sommet est encore loin.
À partir de cet instant, les bâtons sont interdits et le vent commence à monter. Je décide donc de mettre ma veste imperméable et je m'élance. Au bout de quelques minutes je ne vois plus rien, l'orage gronde et une pluie glacée, voir de la grêle s'abat sur moi. J'enfile aussitôt mes moufles imperméables. Cette fois-ci, je suis mieux équipée qu'à la CCC pour affronter ce temps de merde. Mais cela n’empêche pas de subir le froid et l'humidité. L'orage gronde à nouveau et j'ai peur de me prendre un éclair, d'ailleurs la course a failli être arrêtée.
Ça y est, j'y suis enfin arrivée, je suis au sommet ! Malheureusement, il n'y a rien à voir, rien pour rebooster. Même la descente est dantesque avec la boue et les roches humides. J'ai qu'une hâte, retrouver mon homme au prochain ravito. En chemin, je croise 2 amis qui peinent et qui décident d'arrêter. Un rayon de soleil traverse les nuages, je me dis que c'est un signe, que cela va peut-être se dégager.
J'arrive à la base de vie avec 1h d'avance sur la barrière. Je prends donc du temps pour me changer et me reposer un peu. Quand je sors de là au bout de 20 minutes, je suis gelée, alors je déroule pour me réchauffer.
Une nouvelle ascension arrive et je commence de nouveau à piquer du nez. Un coureur que je croise régulièrement depuis le début entame la discussion. Cela me permet de rester éveillée durant toute la montée. Mais l'averse ne s'arrête plus, j'ai les pieds trempés depuis des heures et j'ai peur du résultat lol.
La descente arrive, je repars en galopant laissant derrière moi mon compagnon de route. Je suis de nouveau motivée, je vais certainement reprendre un peu d’avance sur la barrière. Malheureusement, je croise un bénévole qui m'annonce un détour de plusieurs kilomètres ! Ben oui normal, le temps et le terrain sont dantesques et on te rajoute des kilomètres, sans bouger les barrières. J’avertis donc mon homme, mais trop tard, il a déjà fait la route jusqu'au Puy Mary pour rien.
Il me demande si j'arrive bientôt au point d'eau improvisé de Béneche. Je lui réponds que j'en ai aucune idée ! En effet, je ne sais pas où je vais et ce qui m'attend. Cela me plombe le moral surtout quand je vois le temps tourner. Je n'ai plus que 15 minutes d'avance lorsque j'arrive, le temps est toujours pourri, je suis fatiguée et je n'ai plus envie. Je préfèrerais repartir avec lui et regarder ma fille sur le parcours des Super héros. Mais mon homme m'incite à repartir.
J'essaye de me remotiver en me disant que cela descend jusqu'à Mandailles. Sauf que le parcours a été modifié et cela ne fait que monter, il pleut toujours, je ne vois rien de beau et je m'endors de nouveau. Pour la première fois de ma vie, je pense à l'abandon. Dire que je ne comprenais pas, que c'était inenvisageable pour moi, maintenant, je sais. Il faut être réaliste, vu mon état de fatigue, je ne tiendrais pas une deuxième nuit. J'erre comme une fille bourrée depuis des heures, il en faut peu pour que je me vautre dans le mélange boue/bouse, ou que je m'écrase contre la roche. À quoi bon prendre le risque, il n'y a rien à voir. Je n'ai plus rien à me prouver en plus. Et là je pense à la Fable de la Grenouille et l'importance de rester lucide face au danger.
Du coup je parcours les 5 derniers kilomètres en marchant tranquillement. Arrivée 15 minutes en avance sur la barrière, je dis "j'arrête" après 75km et 4000D+. Et vous savez quoi, je n’ai aucun regret, même à l'heure actuelle. Cela n'a fait que conforter mon choix sur mes futurs projets d'ailleurs…
Merci aux courageux bénévoles qui ont bravé le froid et la pluie, toujours avec le sourire. Merci aussi à cette dame qui m'a réchauffée en me frictionnant au ravito de Mandailles, en attendant la navette. Je reviendrais certainement dans le Cantal, mais en mode rando, car finalement ce que j’ai préféré, c'est la balade de 5km faite la veille de la course. Et bien sûr, un grand merci à mon homme de m'avoir accompagnée et supportée dans cette aventure.
Et si vous avez des idées pour lutter contre mon hypersomnie, n’hésitez pas, car je vais en avoir besoin en octobre, une dernière fois, mais pas des moindres…
Elle - une runneuse qui bondit de la casserole
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